jeudi 13 décembre 2012

A notre chère disparue, la Démocratie

À notre chère disparue, la démocratieSpectacle du Groupe Merci, mis en scène par Solange Oswald et Joël Fesel, le 20 novembre au Parvis

 

"Un message très fort..."
"Cette pièce, construite par le Groupe Merci à partir de textes de différents auteurs et du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946, est une pièce engagée qui a pour propos d'interroger le spectateur sur sa place dans le monde, son rapport à la politique, sa participation à la Démocratie.
La mise en scène vise à interpeller le spectateur et, pour cela, rien n'est laissé au hasard: la salle est plongée dans une semi-pénombre propice à l'intimité, les spectateurs installent leur propre siège autour des acteurs: il s'agit d'un rudimentaire trépied pliable distribué à l'entrée. Ce siège très léger offre un simple confort de base, impossible de s'y endormir comme dans un fauteuil, on peut le déplacer aussi pour y voir mieux. Les acteurs, peu éclairés, servent d'écrans vivants à un défilé de mots projetés sur eux. Leurs corps sont presque noyés dedans, comme ils seront plus tard tout empoissés de colle, et ainsi rendus symboliquement presque abstraits. Créée tout exprès pour cette pièce, la musique fait corps avec les mots: d'abord minimaliste, sa présence est de plus en plus forte, allant presque jusqu'à les recouvrir. C'est presque un personnage symbolique complémentaire.
Le spectacle est découpé en plusieurs tableaux: au tout début, un comédien, assis dans un fauteuil tournant de bureau, retrace l'histoire de la Démocratie d'un point de vue philosophique. Le cadre étant ainsi posé, deux comédiens (un homme et une femme) entrent sur le plateau, incarnant vraisemblablement le peuple un peu perdu. Le texte est travaillé sur le mode de la répétition, projeté comme une litanie où les mots finissent par s'entrechoquer...Ce procédé crée une montée de tension.
Puis, placé chacun dans un grand cube blanc disposé chacun à un angle, trois comédiens exposent presque mécaniquement les paradoxes de notre société, l'absurdité des rapports quotidiens, les mensonges politiciens, les dérapages et abus du système...Le tout adressé aux spectateurs dans un esprit bouffon assez glaçant. Il en résulte un effet à la fois comique et interrogateur. Seul le buste des comédiens est actif, le mouvement est limité. Ce n'est sans doute pas un hasard, vue l'idée centrale que j'imagine véhiculée par la mise en scène: dans cette démocratie moribonde, l'être humain ne dispose que d'un pouvoir participatif limité, conditionné à la boite dans laquelle on l'a classé et rangé.
Puis les hommes troncs émergent de leur caisse recouverts d'une colle gluante: l'un est bleu, l'autre blanc, le dernier rouge. Chacun à leur manière ils expriment les soubresauts d'une société en train de mourir. Ils crachent et dégueulent la matière qui les recouvre. Les textes sont hachurés, stoppés en plein vol. Empilés et désordonnés, les mots ne veulent plus rien dire du tout. Le comédien en bleu pourrait être un curé, celui en blanc prend des allures de dictateur...Les couleurs du drapeau  dégoulinent...Les discours politiques n'ont plus aucun sens. Les trois cubes seront renversés, les trois hommes projetés violemment hors de la boite ramperont très lentement  dans cette substance gluante vers le centre du plateau, puis la comédienne jettera alors une gerbe mortuaire en guise de ponctuation.
C'est étrange: cette scène parle de la mort de la Démocratie mais l'image de ces corps rampants au sol dans leur souillure colorée évoque en même temps des nouveaux-nés qui avancent en tirant avec eux leur propre placenta.
Le message final donné par le Groupe Merci est finalement peut-être celui-ci: la mort fait toujours le vide et de la place pour des tentatives inexplorées. Comme une nouvelle naissance...La démocratie est morte, vive la démocratie!
J'ai vu cette pièce deux fois, car j'y suis retournée le lendemain tellement ce spectacle m'avait bouleversée. La première fois je me suis sentie touchée en tant que personne, et le message très fort diffusé tout au long de ce spectacle a produit un véritable déclic dans ma vie, m'incitant à mieux la prendre en main. J'ouvrais les yeux, et c'était magique!"
Flora, Tle 4L
"trop facile..."
"Dans cette pièce, il y a six acteurs mais ce sont surtout trois d'entre eux qui vont marquer le public grâce à leur jeu dans l'excès qui à certains moments produit le rire. L'acteur qui débute la pièce nous offrira un monologue interminable (volontairement) afin peut-être de nous montrer un des aspects de notre société qui nous surcharge en information et en théorie. Les deux autres acteurs eux, nous montrerons la solitude et le manque de repère de notre société.
Je n'ai pas aimé ce spectacle, car pour moi c'est trop facile de vouloir faire passer un message fort en se permettant de faire n'importe quoi sur scène. Le spectacle est décousu et la chute interminable où les trois acteurs rampent sur scène m'a confirmé ce que je pensais. Cela aurait pu être un bon spectacle, le fond était intéressant mais la façon dont c'était abordé était décevante".
Jean-Baptiste, Tle 4L

Site du Groupe Merci: http://www.groupemerci.com/ctns/pge_demo.html

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