mardi 14 janvier 2014

Angelica Lidell - Tout le ciel au dessus de la terre - (Le syndrôme de Wendy)

Angélica Liddell incarne une Wendy, référence au personnage féminin dans "Peter Pan", terrorisée à l'idée de perdre sa jeunesse et d'être abandonnée.Spectacle programmé au Parvis les vendredi 6 et samedi 7 décembre 2013





"Pourquoi il fallait voir le spectacle d'Angelica Liddell..."


 Ce vendredi 6 décembre, nous avons assisté à l'incroyable performance d'Angelica Liddell au Parvis. Son nouveau spectacle se nomme "Toto el cielo sobre la tierra (el sindrome de Wendy)".

C'est elle qui le met en scène et c'est elle qui "joue" dedans.
Si je mets le verbe jouer entre guillemets c'est qu'il s'agit là d'une performance, quelque chose de très personnel et non pas d'un spectacle au sens habituel du terme.
Ce spectacle a pour sujet un mal être, appelé le syndrome de Wendy.
Nous pouvons dire que trois parties composent la pièce :
la première partie est un moment de découverte et d'angoisse – comme à l'adolescence, la deuxième partie est plus "légère", et la dernière partie est le moment où Angelica Liddell exprime sa souffrance du syndrome de Wendy.
Sur scène un tas de terre qui représente l'île de Neverland – l'île de Peter Pan – et qui représente également pour la performeuse l'île d'Utoya où le 22 juillet 2011 Anders Breivik tua 69 jeunes gens.
Le jeu d'Angelica Liddell est fort, que ce soit la gestuelle, la voix, son texte, sa présence.
Tout ce dont un jeu est fait est poussé à son paroxysme.
Les gestes qu'elle fait peuvent être symboliques et sont complètement assumés même s'ils sont extrêmes.
Elle est sans arrêt en mouvement, surtout dans la troisième partie du spectacle où elle déambule, se tord, se roule par terre.
Toujours dans le mouvement.
Sa voix aussi est extrêmement travaillée, du très aigu au très grave, poussant des cris très différents et très puissants.
Son texte est d'une dureté, d'une souffrance et d'un mal-être incroyables.
Tout en elle est extrême.

Angelica Liddell n'est pas une comédienne, mais une performeuse.
Elle ne nous parle pas d'une histoire mais d'elle même.
Elle nous expose à ses douleurs intérieuresles plus fortes et les plus dévastatrices.
C'est en faisant cela qu'elle nous fait prendre conscience irrémédiablement des notres. Il s'agit pour moi du spectacle le plus intense, le plus vrai que j'ai jamais vu.
Angelica Liddell est parvenue à effacer les barrières entre son intérieur et son extérieur. Et c'est cela qui a fait que nous, spectateurs, avons été soumis à de fortes émotions.
D'après moi, la deuxième partie du spectacle, où s'exprimaient surtout les autres comédiens n'était pas nécessaire, car ils n'ont pas véritablement réussi à nous émouvoir ou bien à justifier leur présence tout simplement.
Ce spectacle est tellement personnel que seule Angelica Liddell est apte à l'"interprêter".
S'il fallait donner des adjectifs définissant Angelica Liddell, ce serait force et endurance.
Tant de force dans son interprétation, dans son texte mais aussi dans son mal-être.
Tellement d'endurance pour parvenir à se donner totalement si longtemps.
Une vraie performeuse. Et une présence incroyable nous obligeant presqu'avec attirance à l'écouter, à subir ses questionnements et ses émotions.
D'après moi, ce spectacle est le plus fort qui ait jamais existé et le plus extrême, car il est vrai.
Des pièces de théâtre avec la violence la plus terrible ne peuvent atteindre l'extrême force de ce spectacle là, car ici tout est vrai, nous ne pouvons nous protéger avec le bouclier du théâtre, "ce n'est que du théâtre"...
Ici nous faisons face à Angelica Liddell elle même, et c'est elle même qu'elle nous raconte.

                                                                                                                                 Marjory C. Tle L

 


 

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