Spectacle programmé au Parvis les vendredi 6 et samedi 7 décembre 2013
"Pourquoi
il fallait voir le spectacle d'Angelica Liddell..."
Ce
vendredi 6 décembre, nous avons assisté à l'incroyable performance d'Angelica
Liddell au Parvis. Son nouveau spectacle se nomme "Toto el cielo sobre la
tierra (el sindrome de Wendy)".
C'est elle
qui le met en scène et c'est elle qui "joue" dedans.
Si je mets
le verbe jouer entre guillemets c'est qu'il s'agit là d'une performance,
quelque chose de très personnel et non pas d'un spectacle au sens habituel du
terme.
Ce
spectacle a pour sujet un mal être, appelé le syndrome de Wendy.
Nous
pouvons dire que trois parties composent la pièce :
la première
partie est un moment de découverte et d'angoisse – comme à l'adolescence, la
deuxième partie est plus "légère", et la dernière partie est le
moment où Angelica Liddell exprime sa souffrance du syndrome de Wendy.
Sur scène
un tas de terre qui représente l'île de Neverland – l'île de Peter Pan – et qui
représente également pour la performeuse l'île d'Utoya où le 22 juillet 2011
Anders Breivik tua 69 jeunes gens.
Le jeu
d'Angelica Liddell est fort, que ce soit la gestuelle, la voix, son texte, sa
présence.
Tout ce
dont un jeu est fait est poussé à son paroxysme.
Les gestes
qu'elle fait peuvent être symboliques et sont complètement assumés même s'ils
sont extrêmes.
Elle est
sans arrêt en mouvement, surtout dans la troisième partie du spectacle où elle
déambule, se tord, se roule par terre.
Toujours
dans le mouvement.
Sa voix
aussi est extrêmement travaillée, du très aigu au très grave, poussant des cris
très différents et très puissants.
Son texte
est d'une dureté, d'une souffrance et d'un mal-être incroyables.
Tout en
elle est extrême.
Angelica
Liddell n'est pas une comédienne, mais une performeuse.
Elle ne
nous parle pas d'une histoire mais d'elle même.
Elle nous
expose à ses douleurs intérieuresles plus fortes et les plus dévastatrices.
C'est en
faisant cela qu'elle nous fait prendre conscience irrémédiablement des notres.
Il s'agit pour moi du spectacle le plus intense, le plus vrai que j'ai jamais
vu.
Angelica
Liddell est parvenue à effacer les barrières entre son intérieur et son
extérieur. Et c'est cela qui a fait que nous, spectateurs, avons été soumis à
de fortes émotions.
D'après
moi, la deuxième partie du spectacle, où s'exprimaient surtout les autres
comédiens n'était pas nécessaire, car ils n'ont pas véritablement réussi à nous
émouvoir ou bien à justifier leur présence tout simplement.
Ce
spectacle est tellement personnel que seule Angelica Liddell est apte à
l'"interprêter".
S'il
fallait donner des adjectifs définissant Angelica Liddell, ce serait force et
endurance.
Tant de
force dans son interprétation, dans son texte mais aussi dans son mal-être.
Tellement
d'endurance pour parvenir à se donner totalement si longtemps.
Une vraie
performeuse. Et une présence incroyable nous obligeant presqu'avec attirance à
l'écouter, à subir ses questionnements et ses émotions.
D'après
moi, ce spectacle est le plus fort qui ait jamais existé et le plus extrême,
car il est vrai.
Des pièces
de théâtre avec la violence la plus terrible ne peuvent atteindre l'extrême
force de ce spectacle là, car ici tout est vrai, nous ne pouvons nous protéger
avec le bouclier du théâtre, "ce n'est que du théâtre"...
Ici nous
faisons face à Angelica Liddell elle même, et c'est elle même qu'elle nous
raconte.
Marjory
C. Tle L
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